Il n’est pas rare d’entendre un conjoint affirmer que, depuis son mariage, il éprouve le sentiment pénible d’étouffement, quand il ne dit pas, plus prosaïquement, qu’on lui "pompe l’air". Et il ne faut pas croire que ce sont uniquement des maris qui tiennent de tels propos. Combien d’épouses qui se sont plaintes amèrement de l’absence de leur mari accaparé par la vie professionnelle trouvent, la retraite venue, qu’il est un peu trop 'dans leurs jambes"… C’est que le couple a besoin de respirer !

 

N’être qu’un, en restant deux

En fait, tout couple est animé par deux grands désirs qui peuvent paraître contradictoire et difficiles à concilier :

-          le désir d’unité. Ceux qui s’aiment ont en général une soif ardente et impatiente de vivre une union profonde, s’exprimant dans un besoin de présence et de partage à tous les plans – besoin ressenti plus fortement par l’épouse. « Quand nous serons mariés, disent certains fiancés, nous ne ferons plus qu’un nous ne nous quitterons plus, nous ferons tout ensemble. Nous irons ensemble à la messe comme au supermarché. » C’est un peu la recherche de la fusion vécue dans le petite enfance dans la relation à la mère, douce fusion à laquelle il a bien fallu renoncer mais que l’inconscient rêve toujours de retrouver un jour.

-          Le désir de rester soi. A l’opposé du désir d’unité, ou du moins en parallèle, existe, très fort, le désir de garder sa personnalité, de ne pas être absorbé par la fusion. On veut bien de l’unité, mais on entend garder son quant-à-soi, sans être étouffé par le conjoint. « Dans un couple, il s’agit de n’être qu’un, disait Sacha Guitry, reste à savoir lequel ! ».

Si bien que le couple, marié ou cohabitant d’ailleurs, est construit sur une tension congénitale, inévitable : n’être qu’un, en restant deux. Rester unis, mais séparés. Proches et distants à la fois.

Les jeunes – et les moins jeunes ! – disent parfois qu’en face du "mariage carcan", l’idéal est "l’union libre". Mais union et libre sont deux mots qu’il n’est pas si facile de rapprocher : on ne peut jamais vivre parfaitement l’unité et la liberté. Dans un couple, on ne peut être totalement unis et totalement libres à la fois. La couverture est trop étroite : si l’unité tire d’un côté, la liberté gèle de l’autre, et vice-versa.

Tout couple, comme toute communauté (penser à l’Union Européenne où l’on rêve d’unité, mais en entendant rester anglais ou luxembourgeois !) se construit sur un équilibre permanent entre ces deux exigences.

 

Trois types de couples

Et l’on voit alors apparaître trois types de couples :

-          les couples où prédomine l’unité, mais au dépens du respect des personnes. Couples ‘’scotchés’’, qui s’entendent bien, mais au prix souvent de l’écrasement de la personnalité de l’un. Couples où l’un des conjoints a l’impression d’être étouffé par l’autre, trop avide d’unité.

-          Les couples où prédomine la liberté de chacun. Couples allergiques aux contraintes. Couples qui se disent modernes, parce que chacun a la possibilité de faire passer en premier ce qu’il désire. Couples ‘’libérés’’ qui ne connaissent pas, prétendent-ils, ce sentiment malsain de la jalousie. Ou – autre cas de figure – couples routiniers où les conjoints vivent côte à côte, sur deux voies parallèles, qui s’écartent d’ailleurs avec les années.

-          Les couples qui essaient de faire coexister cette double attente de l’unité et de la liberté : l’union dans le respect des personnes. Les conjoints, dans un premier temps, respectent la différence, et même s’en réjouissent, mais, dans un deuxième temps, n’oublient pas de refaire l’unité un temps sacrifiée. Couples qui, comme le chante Mannick, « ne craignent parfois s’éloigner l’un de l’autre, un moment, que pour mieux se retrouver ».

Chacun peut vivre des activités qui l’épanouissent, à condition ensuite de partager avec l’autre ses découvertes ou ses ennuis. Ainsi l’unité sera-t-elle reconstruite, non pas malgré la différence, mais sur et grâce à la différence.

 

Accéder à l’amour adulte

Dans les problèmes courants de la vie conjugale, il importe de toujours sauver ces deux aspirations – en s’empressant d’honorer celle qui a pu être un instant laissée sur la touche. Un couple doit respirer, avec des temps forts d’union alternant avec des plages de liberté, seule façon d’éviter à la fois l’étouffement et la solitude à deux.

Cela exige que chaque conjoint accède à l’amour adulte, qu’il renonce à la possessivité de l’amour infantile, et qu’il sache qu’il peut supporter une certaine solitude. Ce qui exige également un amour-tendresse qui aura soif de ces grands moments de communion, où le couple se ressource après d’inévitables séparations.

Nous touchons ici le problème par excellence du couple, de tout couple : la tension inévitable entre le "n’être qu’un" et le "rester deux". « Ensemble, vous resterez toujours, dit très justement le poète libanais Khalil Gibran dans Le Prophète, mais qu’il y ait des espaces dans votre communion et que les vents du ciel dansent entre vous. Aimez-vous l’un l’autre, mais ne faites pas de l’amour une entrave. […] Tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus, car les piliers du temps s’érigent à distance. »

Or cet enjeu de la vie du couple évoque inévitablement le mystère par excellence, le mystère trinitaire. Il n’y a que dans l’Infini, au sein de la Trinité, qu’on peut n’être un en restant trois. Parce que seul un amour infini est capable de vivre une union sans faille dans le respect total des personnes.

 

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