Ph_Bordeyne_2.JPGEn 2002, les évêques de France ont demandé que la préparation au mariage religieux se déroule sur une année au lieu de trois mois auparavant. Certains maires ont instauré une préparation au mariage civil, initiative soutenue par Antoine et Chantal d’Audiffret sur ce blog.

Mais au fait, toutes ces préparations sont-elles vraiment utiles ? Est-il d’ailleurs possible de se préparer au mariage ? Le doute s’installe aujourd’hui dans les esprits. « Rien ne prépare à un tel engagement, pour quarante ou cinquante ans », affirme Lionel Dewavrin, jeune prêtre du Nord (La Croix, 9 février 2011).

Il importe de clarifier ce qu’est la préparation au mariage. À la fin d’une conférence, un diacre m’a récemment interpellé : « Moi, je ne prépare pas au mariage, je prépare à l’après-mariage ! » Il se justifiait par le fait que le mariage est un état de vie et qu’il faut se préparer à durer. Parfaitement d’accord. Je lui ai tout de même répondu qu’en français le mariage, c’est aussi la célébration, et que cela donne à penser !

Les célébrations religieuses du mariage, outre qu’elles offrent la grâce du sacrement, nous aident à comprendre le mariage en profondeur. Même après plusieurs années de mariage, on continue d’apprendre en assistant au mariage des autres. La Parole de Dieu, les rites, les visages, les paroles, les attitudes et les silences nous mettent face au mystère de l’amour qui donne sa vie pour toujours.

Bien sûr, nous connaissons les chiffres, qui rappellent la fragilité des promesses. Les paroles rituelles ne garantissent ni la vérité, ni la solidité de la démarche. L’essentiel est bien dans la préparation. Mais il est juste de se souvenir que nous ne saurons jamais nous préparer, car nous ne saurons jamais à quoi nous aurons à faire face dans l’avenir.

Alors, pourquoi se préparer ? Parce que la préparation au mariage enseigne à la fois le sens profond de cet engagement, et l’esprit dans lequel il est possible de le vivre. Comment promettre la fidélité pour toujours si l’on n’est pas prêt à se laisser bousculer par l’autre : le conjoint, les enfants, l’entourage familial et amical ? Ou si l’on n’est pas disposé à pardonner ? Ou si l’on pense que la famille nucléaire se suffit à elle-même, alors qu’elle est faite pour rayonner ?

Se préparer au mariage, c’est savoir qu’on ignore en bonne part ce à quoi on se prépare. Impossible de prévoir les changements personnels et culturels, les événements heureux et malheureux. Et pourtant, on est bien préparé si l’on a appris la confiance dans la liberté, dans la parole et dans l’amour, qui sont les marques de notre ressemblance avec Dieu.

La préparation apprend aussi à réfléchir sur les sentiments, pour mieux les gérer dans l’avenir. La paroisse permet de rencontrer des chrétiens heureux de croire, et heureux de vivre dans le mariage. Tout cela donne un sens plus authentique de l’attente, de l’humilité et du courage, autant d’attitudes essentielles pour vivre le mariage.

Philippe Bordeyne est prêtre des Hauts-de-Seine. Il est doyen du Theologicum à l’Institut Catholique de Paris, où il enseigne la théologie morale. Il est délégué diocésain de la préparation au mariage à Nanterre.