Nous avons vu que la femme connaît de façon intuitive, l'homme de façon rationnelle. Nous avons vu les conséquences que cela comportait dans la façon de raisonner de chacun d'eux. Il convient maintenant de rechercher ce qui caractérise la façon d'agir de l'un et de l'autre.

Pour cela considérons en premier lieu les rythmes du développement de l'homme et de la femme.

La femme est plus précoce

 

Il n'est pas douteux que la femme atteint la maturité plus précocement que l'homme.

L'avis des anciens, sur ce point, peut même sembler exagéré. Aristote ne remarque-t-il pas que, de son temps, - au quatrième siècle avant notre ère - on regardait l'âge de dix-huit ans comme celui où il convient de marier les femmes, et l'âge de trente-sept ans, ou un peu avant, comme celui où l'homme a atteint sa pleine maturité. (La Politique VIL 14, 6 Trad. Thurot.)

Ne voit-on pas dans l'Evangile le Seigneur attendre l'âge de trente ans, comme une sorte de signal de maturité humaine, avant de commencer sa vie publique ?

Le problème se pose. Aujourd'hui surtout où l'on voit tant de jeunes couples convoler en justes noces, - l'un et l'autre du même âge ! N'ayant parfois pas encore quarante ans à eux deux !

Sans doute, en un tel domaine, il faut prendre bien garde. On ne saurait, sans excès, se montrer absolu. Il faut même éviter de donner une règle trop générale.

Toutefois, on ne peut admettre que l'insouciance moderne, à cet égard, laisse dans l'ombre deux lois naturelles qui l'une et l'autre, préoccupaient la sagesse simplement humaine d'Aristote.

En premier lieu, c'est que les femmes vieillissent plus vite que les hommes. C'est là un phénomène universel où il n'est pas interdit de voir une indication de la nature. Un mari de quelques années l'aîné de sa femme est donc plus conforme aux rythmes de la nature qu'un époux plus jeune que sa femme, ou ayant le même âge qu'elle.

En second lieu, c'est que le développement complet de la jeune fille, comme nous l'avons noté, est plus précoce, plus hâtif que celui du jeune homme.

Une fois capable d'enfanter, la femme est aussi capable d'élever ses enfants et d'être la compagne d'un homme. Il semble que la nature donne à la femme, l'aptitude corporelle et l'aptitude spirituelle de la maternité.

 

L'homme plus long à faire

Il n'en va pas de même pour l'homme.

L'aptitude corporelle à la paternité est acquise depuis longtemps, que l'aptitude spirituelle correspondante n'a pas encore atteint son plein développement.

Et le motif en est simple.

La démarche spirituelle de la femme est intuitive. Elle s'inscrit dans l'instantané, dans le, présent. Elle est assez peu expérimentale.

La démarche spirituelle de l'homme, au contraire, est rationnelle. L'usage masculin de la raison demande un apprentissage beaucoup plus long que n'est tenté de le croire un adolescent de dix-huit ans.

Car la raison, instrument beaucoup plus certain et beaucoup plus précis que l'intuition, ne se met pas au point en un jour. Il y faut des années.

La raison ne sent pas immédiatement comme fait l'intuition. Elle observe, dans le temps. Elle constate, rapproche, compare. Elle se nourrit d'expériences.

Expérience des hommes. Pour bien les juger, il faut en avoir connus, de toutes sortes. Pour ne point se tromper douloureusement, il faut être formé par un père, plus ancien, plus expérimenté.

Car la nature n'achève l'homme adulte que par la formation de l'expérience de la vie. Pour éviter que cette expérience soit trop chèrement acquise, elle charge le père de transmettre à son fils quelques-unes des conclusions de sa propre existence.

On ne croit plus du tout à ces choses, aujourd'hui. Peut être cela vient-il de ce que, trop de parents ne sont plus de véritables adultes. La proportion des « éternels adolescents »est élevée, même chez les hommes d'âge mûr, sous l'influence du matérialisme moderne.

 

 Deux lois naturelles

 

Telles sont pourtant bien les deux lois que la nature à travers une observation réfléchie, nous fait connaître :

a) L'homme n'atteint la maturité véritable de raison, d'expérience et de jugement, que vers vingt-huit ou trente ans.

b) La femme, au contraire, atteint la maturité véritable douze ou quatorze ans auparavant, mais c'est aussi avec une hôte comparable qu'elle devra renoncer à son aptitude à la maternité charnelle.

Ce qui fait que, sans vouloir, encore une fois, en tirer plus qu'une indication relative aux rythmes de la nature, on est amené à constater que l'écart même de plusieurs années entre l'âge d'un mari et celui de sa femme n'est pas chose si déraisonnable. Lorsque les circonstances le permettent sans véritable inconvénient, un tel écart est un élément d'harmonie qu'il ne faut pas négliger. On est porté, aujourd'hui, à le mépriser, car les mœurs inclinent jeunes gens et jeunes filles du même âge à sortir ensemble ! Il serait plus raisonnable que des garçons de vingt-six à trente ans sortent avec des jeunes filles de dix-huit. Mais cela supposerait bien des réformes ! ...

Cela présenterait un avantage : celui d'éviter les cas, si fréquents, où deux fiancés de vingt ans, - sinon de dix-huit, doivent attendre trois ans, cinq ans parfois, que le jeune homme soit en état de gagner sa vie ! Attente que, par divers moyens, les jeunes gens s'efforcent d'abréger, et dont l'un est le mariage entre étudiants qui poursuivent leurs études, l'autre le mariage prématuré pour le garçon, qui renonce à prolonger sa préparation ou son apprentissage... sans parler des moyens que la morale réprouve.

 

Deux façons d'agir

 

Tout ce qui vient d'être, dit sur le rythme du développement des deux natures conduit à comprendre pourquoi les philosophes du Moyen Age insistaient tellement sur ce point capital : autres sont les opérations de l'homme, autres les opérations de la femme. Chacun a sa façon d'agir.

Que l'on y regarde de près en effet. On découvre que l'homme apprend difficilement à faire ce que toute femme accomplit très facilement et comme d'instinct

C'est ce qui apparaît clairement pour tout ce qui touche à la vie domestique. C'est avec une espèce de spontanéité que la jeune fille apprend à faire la cuisine, à coudre, à s'occuper d'enfants, et que, l'épouse vaque à ces soins dans le ménage. Son mari serait bien incapable de se porter aussi vite à des occupations successives aussi multiples. C'est ce sentiment que l'homme exprime lorsqu'il dit de sa femme qu'elle est une « fée » dans la maison ! Sans y réfléchir trop profondément, il songe qu'il y a quelque chose d'anormal, de quasi-miraculeux dans cette façon dont sa femme est capable de faire trois choses à la fois : laver la vaisselle, donner à manger aux enfants et parler à son mari, - au point que rien qu'à la voir et à l'entendre, la tête lui tourne un peu.

Sans doute, l'homme est capable d'apprendre la cuisine. Mais ce sera pour lui un métier. Il lui faudra des années pour s'y perfectionner. Il pourra devenir un « chef » renommé... mais il ne saura pas pour autant recoudre un bouton ! S'il apprend le métier de tailleur, il pourra, de même, avec de longs efforts, parvenir à la maîtrise et se rendre célèbre par la qualité de sa coupe... mais, là encore, ce sera non en tant que mari, mais en tant qu'homme de métier ! Dans tous les cas où l'homme est amené à faire un métier qui rappelle l'activité propre de la femme, il l'apprend beaucoup moins vite qu'elle s'y spécialise davantage, et y fait des progrès beaucoup plus considérables.

A moins de s'acharner à nier les plus claires évidences de la loi naturelle, force nous est de constater que, de toutes les façons, la femme semble formée, préparée pour la maternité et les soins de la vie du foyer. Elle est vraiment faite pour être la compagne de l'homme en vue de la procréation et de l'éducation des enfants, comme aussi de cette aide mutuelle effective et affective.

 

Deux formes de fécondité

 

Ainsi, il ne faut pas s'étonner si la création des grandes oeuvres de l'esprit apparaît, à travers toute l'histoire, comme le fait de l'homme. Qu'il s'agisse de philosophie ou d'art, de littérature ou de musique, de science ou de poésie, les sommets de la création humaine ont été atteints par des hommes. Accidentellement, des femmes ont pu être de bons poètes ou de bons artistes. Elles n'ont jamais été de grands créateurs : Sophocle, Virgile, Dante, Shakespeare, Bach n'ont pas d'équivalents parmi les femmes.

Car à la femme, Dieu a réservé d'être féconde, non en vue des paternités de l'intelligence, mais en vue des maternités du cœur, de l'âme et de la vie. Ce rôle, elle ne peut le, remplir qu'en l'acceptant en plénitude, et en restant humblement à la place - immense - qu'Il lui assigne. Car seule l'humilité nous attache aux grandes oeuvres. C'est l'orgueil qui nous incline à préférer les petites, celles de nos rêves.

Comment ne pas citer ici ces lignes de Madame Marie-Paule Vinay :

« Ce rôle est par excellence un rôle caché dont l'enfouissement mesure en quelque façon l'efficacité. En effet, plus le renoncement féminin est pur, silencieux, plus l'homme peut avancer loin dans les conquêtes de l'esprit et du cœur sans aucun danger pour l'équilibre du corps social tout entier... L'épouse, dans la famille, est d'autant plus utile qu'elle est plus effacée. Cette loi, semble inéluctable. La femme qui ne s'efface pas en efface d'autres. Une femme qui n'est plus toile de fond devient écran. Ceci se vérifie partout. Suivant l'importance personnelle qu'elle reprend, différents secteurs de la vie familiale sont perturbés... La femme inconnue, amie des silences de sa maison, donne au monde une leçon d'ordre... Comme une pierre anonyme dans un édifice, elle soutient ce qui est en haut en s'appuyant sur ce qui est en bas. Elle légitime et unit l'un et l'autre de tout son être. Elle est pour l'édifice, totale bénédiction. »

Et ceci, qui dit tout :

« L'Inconnue par excellence, n'est-elle pas cette Femme qui se cache au sein de la lumière, la Bienheureuse Immaculée dont une seule caractéristique intime nous fut livrée ? Elle gardait toutes ces choses dans son cœur. » (M. P. Vinay, Le rôle de la femme, Revue de l?université d'Ottawa, octobre 1949.)

Ainsi, la femme, dans la famille, exprime vraiment l'activité, toute puissante, du silence sans lequel la musique n'aurait point d'écho, de la terre sans laquelle la graine ne germerait point, du dévouement total sans lequel l'enfant ne grandirait point, - de l'amour enfin, sur quoi nous serons tous jugés.

Tel est le plan de Dieu. Il n'interdit pas, c'est évident, toutes ces activités extra-familiales de la femme, activités privées ou même publiques, où sa vocation de maternité peut s'épanouir de façon spirituelle, mais non moins réelle. Toutefois, par sa nature, et au sein de la famille, la femme est appelée à vivre, non seulement pas pour elle - ce qui est évident - mais pas même par rapport à elle. La femme, en effet, est appelée non seulement à vivre pour ceux qu'elle aime - l'homme aussi y est appelé mais à vivre par rapport à ceux qu'elle aime. C'est ici le point ultime de ces réflexions sur la psychologie des époux. Il demande quelque développement.

 

Pour poursuivre votre réflexion, vous pouvez livre :

Les hommes viennent de mars, les femmes de vénus, de John Gray, aux éditions Bien-être J'ai lu, 1997

 

 

 

 

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