Le saint patron des amoureux est un évêque romain martyr

ROME, mardi 14 février 2012 (ZENIT.org) –  A Terni, à 100 km au nord de Rome, sur la voie Flaminia, les fiancés prennent saint Valentin au sérieux, et pour eux, l'évêque organise chaque année des célébrations spéciales à l'occasion du 14 février, la « fête de la promesse » pour ceux qui se marieront au cours de l'année.

Mgr Vincenzo Paglia - son titre complet est évêque de Terni-Narni-Amelia -  confie chaque année au saint évêque et martyr les fiancés qui se préparent à se dire « oui » pour toute la vie.

La promesse d’amour

L'évêque a présidé, dimanche, 12 février, la messe pour ce qui a été baptisé la « fête de la promesse » de l’amour.

Quelque 60 couples ont défié la neige et le froid pour arriver jusqu’à la basilique du saint de l’amour : ils sont venus de Milan, Reggio Calabria, Naples, Rieti, L'Aquila et d’autres régions d’Italie, par exemple, de l’Ombrie, pour célébrer cette fête qui annonce leur promesse définitive dans le mariage.

« Vous êtes ici, a dit l’évêque aux fiancés, parce que vous avez l’intuition que l’amour, si c’est de l’amour, est éternel, mais surtout que l’amour n’est pas évident, et requiert attention, fidélité, humilité, patience, stabilité. L’amour est ce qui compte le plus dans la vie, et aussi dans l’amour matrimonial, et, même si vous n’êtes pas encore mariés, vous voulez que votre amour ne finisse pas ».

Mgr Paglia évoque les obstacles à l’amour et même le principal obstacle : « Vous savez qu’il est guetté par de nombreux ennemis : beaucoup pensent qu’il n’existe pas une dimension plus stable ni plus forte dans la vie, que la seule chose est le « moi », mes intérêts, mes satisfactions. C’est une façon de penser qui empoisonne la vie de nombreuses personnes. La crise économique et sociale que nous sommes en train de traverser a s’enracine justement dans cette conception individualiste de la vie. Lorsqu’il manque l’amour les intérêts partisans prolifèrent, et donc les conflits, les violences. Si l’on continue à penser seulement à soi, en oubliant les autres, la solitude l’emporte toujours davantage. Mais tout seul, on se fait du mal et on fait du mal. Vous  êtes venus parce que vous voulez que l’amour soit solide, qu’il vous porte toute votre vie. Et vous demandez son aide à saint Valentin ».

La langue de l’amour

Pour sortir de la crise, Mgr Paglia recommande de « redécouvrir l’amour pour être solides, pour vaincre toute incertitude, justement dans les moments les plus difficiles » : « Nous devons, insiste-t-il, repartir de l’amour. Nous devons pratiquer la langue de l’amour,  une langue très différente de celle que l’on parle habituellement dans nos villes, dans nos pays, et qui est aussi tendresse, pour qui se trouve à ses côtés, passion pour rendre le monde plus beau, compassion pour les plus pauvres et pour les plus faibles, engagement pour rendre le monde plus juste, plus pacifique. Et tout cela en redécouvrant l’amour de Dieu, l’amour dont parle l’Evangile ».

« L’amour chrétien, a ajouté l’évêque », c’est cela qui sauve de la solitude. En effet, l’amour évangélique pousse à pense àaux autres et pas seulement à soi-même, à s’intéresser aux autres, et pas seulement à soi-même, à être attentif aux autres et aps seulement à soi. C’est là l’amour qui rend la vie solide. C’est le roc sur lequel nous devons construire notre existence, sur lequel vous devez construire votre mariage ».

Mais l’évêque demande : « Comment apprendre cette langue ? Quel est le manuel de l’amour ? L’Evangile. Et Jésus en est le maître. Il a parlé la langue de l’amour comme personne d’autre ne l’a fait, de la naissance jusqu’à sa mort et sa résurrection ».

La paroisse a offert aux fiancées des fleurs rouges pour rappeler les fleurs que, selon la tradition, saint Valentin offrait aux jeunes fiancés dont il bénissait le mariage.

Un an avec Jésus

Par l’intercession de saint Valentin, a conclu l’évêque, que descende sur votre amour la bénédiction du Seigneur. L’amour doit descendre au plus profond des cœurs. S’il consiste seulement dans des sentiments superficiels, c’est du sable. L’amour est une dimension profonde du cœur. Les vents et les tempêtes peuvent venir, mais votre amour résistera. Et même il grandira, il s’élargira aux amis, aux pauvres, à ceux que vous rencontrerez ».

Pour les accompagner, Mgr Paglia a offert aux fiancés le livre  « Un an avec Jésus » qui propose un passage de l’Evangile pur chaque journée, accompagné d’un bref commentaire de l’évêque, pour que justement l’amour grandisse chaque jour en eux, mais aussi « la paix, la chaleur, la lumière » : « Ainsi, vous goûterez la joie et la force de l’amour de Jésus. Et vous vous rendrez compte que cette maison – la famille – que vous êtes en train de construire s’appuie de plus en plus sur le roc ».

Mais c'est tout le mois de février qui maintenant à Terni donne lieu à des festivités. Citons par exemple les époux qui fêteront, dimanche prochain, la troisième semaine de février, leurs 25 ans de mariage, et puis ceux qui fêtent 50 ans de mariage, le 26 février.

Le samedi 25 février, Terni fêtera aussi la Saint-Valentin des personnes âgées et des malades.

Au-delà des frontières

Mais qui était saint Valentin pour être encore invoqué dans le monde entier et par toutes les générations, quelque deux mille ans après sa mort ?

La ville de Terni honore saint Valentin comme son premier évêque. Pourquoi ? On suppose qu'un pèlerin revenu du tombeau des apôtres, à Rome, y a peut-être rapporté une relique de ce martyre romain décapité sous l'empereur Claude (41-54)?

En 350, à Rome, près du Pont Milvius, sur la via Flaminia, une église avait été édifiée sur la tombe de ce martyr. Puis, pour préserver les reliques des martyrs romains des premiers siècles, le pape Pascal Ier (817-824) fit transférer les restes du martyr en la basilique romaine de Sainte-Praxède, un bijou architectural à deux pas de Sainte-Marie-Majeure, sur l'Esquilin.

L'histoire du transfert des reliques se perdit et leur présence à Terni comme le culte important dont le saint était entouré fit ensuite supposer qu'il était le premier pasteur de cette communauté chrétienne.

Est-ce la croyance médiévale selon laquelle la parade des oiseaux commençait à cette date qui fait célébrer en sa fête, le 14 février, la fête des amoureux?

Ou bien cette fête a-t-elle été utilisée pour extirper les pratiques païennes des Lupercales en l'honneur de Junon « februata » et au cours desquelles les jeunes gens tiraient au sort le nom de leurs fiancées?

Il n'en reste pas moins que ce martyr chrétien des premiers siècles de l'Eglise qui est devenu le saint patron des amoureux, et ainsi l'un des saints les plus aimés, les plus populaires, au-delà des frontières visibles de l’Eglise.

Anita Bourdin

 

 

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