« Qu’il est formidable d’aimer », chantait-on souvent dans les messes de mariage. « Qu’il est difficile d’aimer », peut-on dire trente ans plus tard… Et c’est valable à tout âge ! Écoutons les sages conseils d’un prêtre accompagnateur d’Équipes Notre-Dame depuis plus de quarante ans.       

 

Ah, que c’était beau le jour de notre mariage », soupire-t-on parfois avec une pointe de nostalgie. C’est dire qu’une vie de couple ressemble rarement à un long fleuve tranquille. Elle passe par des étapes, des difficultés, des épreuves, parfois même des échecs. Tous les époux savent bien que leur amour n’est jamais acquis une fois pour toutes, qu’il est à construire jour après jour, qu’un amour qui ne progresse plus est un amour en danger. Ils savent aussi que des lois de la réussite de l’amour humain existent. Le Christ les a résumées dans une phrase lumineuse : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » La donner, non pas au compte-gouttes mais goutte-à-goutte, jour après jour. « Aimer, c’est tout donner, et se donner soi-même », disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Aimer son conjoint parce qu’il nous comble, c’est facile. L’aimer quand il rentre bourru de son travail, quand il passe par une période de dépression ou qu’il vieillit mal, là est le véritable amour.

 

Aimer l’autre non pas pour ce qu’il nous apporte, mais pour lui-même, non pas se servir de lui, mais le servir, exige une mort à soi-même, une lutte permanente contre son égoïsme. Ce combat, les époux ne le mènent pas seuls. Le jour de leur mariage, en effet, Dieu s’est engagé avec eux comme c’est écrit en toutes lettres dans la déclaration d’intention travaillée par les fiancés dans le cadre de leur préparation au mariage. Leur oui, ils l’ont dit non seulement l’un à l’autre, mais aussi à Dieu, source de leur amour, qui l’a fait sien. Il a fait alliance avec eux. La fidélité des époux pourra donc reposer sur la fidélité de Dieu. Et le Seigneur est solide, il est l’inverse d’une girouette agitée par les vents. Il est le rocher dont nous parle la Bible et sur lequel on peut s’appuyer. Plus les époux apprendront à s’aimer comme le Seigneur l’attend d’eux et comme chacun est en droit de l’attendre de l’autre, plus ils grandiront dans l’amour de Dieu. C’est cela, le chemin de la sainteté des époux chrétiens.

 

Et le sacrement de mariage dans tout cela ? Il est la source à laquelle les époux pourront puiser, jour après jour, la force de se re-choisir, se préférer, se pardonner, s’aimer comme le Seigneur les aime, de son amour même. Il est « la centrale qui alimente notre amour », m’a dit un jour un jeune ingénieur qui travaillait chez Électricité de France.

Mais en avons-nous conscience ? Pensons-nous à faire appel, tout au long de nos journées, à la grâce de ce sacrement ?

Or, c’est elle qui pourra nous aider à lutter contre ce piège insidieux et redoutable qu’est la routine, l’habitude. On s’installe, on n’imagine plus que les choses puissent bouger, progresser, alors, on démissionne. On a perdu l’espérance, tué la confiance.

C’est la grâce du sacrement de mariage, aussi, qui apprend aux époux à pardonner. « Le Seigneur nous a pardonné, faites de même », écrit saint Paul. Dans toute vie de ménage, on a sans cesse besoin de pardonner. Il est si facile de blesser, même sans le vouloir ! Pardonner ne veut pas dire oublier mais choisir de ne pas tenir rigueur à l’autre de ce qu’il a fait ou dit, rendre ou renouveler sa confiance, ne pas refuser la main tendue, décider de poursuivre le chemin, bâtir l’avenir ensemble. Que de ménages se rendent malheureux parce que l’un des deux n’a jamais réussi à dire à l’autre : « Chéri (e), je te demande pardon pour ma colère, ma mauvaise humeur de tout à l’heure. » Ils se contentent de dire parfois : « Excuse-moi, j’étais fatigué(e), j’ai eu les enfants sur le dos toute la journée, je me suis disputé avec mon patron, il y a eu des bouchons sur l’autoroute, etc. » Et comme ils ne se demandent jamais pardon, ils ne donnent jamais à leur conjoint l’occasion et la joie de dire : « Mais oui, bien sûr, je te pardonne. Embrassons-nous et n’en parlons plus. » Ne pas vouloir demander pardon ou refuser ce dernier, c’est laisser la blessure s’envenimer, laisser le passé empoisonner le présent et l’avenir. Je connais des époux qui ont pris la décision de ne jamais s’endormir sans s’être demandé pardon chaque fois qu’il y a lieu.

 

S’ouvrir à la grâce du sacrement de mariage, c’est encore vouloir passer sans cesse du “je” au “nous” (que c’est difficile !), accepter le dialogue toujours et même savoir le susciter. Un couple qui ne communique plus meurt lentement, à petit feu peut-être, mais sûrement. Ce n’est jamais en se taisant, même par un prétendu amour, que les époux peuvent régler ou résoudre leurs problèmes, jamais.

Si le dialogue est devenu impossible, les conflits ou la crise trop difficiles à résoudre, pourquoi ne pas recourir à l’aide d’un tiers en qui nous avons confiance, voire à un conseiller conjugal ? Il pourra favoriser un échange en profondeur, faire émerger ce qui, enfoui depuis de nombreuses années, empoisonne la vie conjugale.

 

S’ouvrir à la grâce du sacrement de mariage, c’est apprendre à écouter l’autre, ne pas être celui qui prétend avoir toujours raison. Et surtout, n’imaginons jamais connaître parfaitement l’autre. « Dès que tu crois connaître l’autre, a dit quelqu’un, tu ne l’aimes plus. » Un vieux dicton populaire ne prétend-il pas que s’il faut dix ans à une femme pour connaître son mari, il faut cinquante ans à un homme, pour bien comprendre sa femme ?!

Un recours assidu aux sacrements de l’Eucharistie et de la Réconciliation ainsi qu’à la prière sont les moyens par excellence qui permettent à la grâce du sacrement de mariage de porter en nous tout son fruit. La prière personnelle mais aussi la prière conjugale, à deux, non pas l’un à côté de l’autre ou l’un pour l’autre seulement est le moment privilégié où les époux peuvent s’ouvrir à l’action de l’Esprit-Saint. « C’est elle, me confiait un ménage, qui a forgé notre âme commune. » Et d’ajouter : « C’est comme si on redisait tous les soirs le oui sacramentel. » Ou cet autre couple qui me témoignait récemment : « Depuis que l’on a recommencé à prier ensemble, on a l’impression de revivre. » Les époux chrétiens ne devraient jamais manquer ce rendez-vous quotidien ensemble avec le Seigneur. Dieu les y attend !

 

Ces quelques moyens simples voudraient aider les époux à bâtir sur le roc et à devenir ces foyers solides et rayonnants dont le monde d’aujourd’hui a tant besoin. C’est une façon aussi, de mettre en pratique les conseils que saint Paul adressait aux couples chrétiens : « Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent, partagez avec ceux qui sont dans le besoin… que votre maison soit toujours accueillante. Priez avec persévérance laissez jaillir l’Esprit » (cf. Rom 12). La mission du foyer chrétien, aujourd’hui plus que jamais, n’est-elle pas de manifester qu’on peut vivre l’engagement dans la fidélité et le pardon ? Qu’il est possible de vivre toutes les exigences de l’amour, selon la volonté du Seigneur, y compris dans le domaine le plus intime et que ces exigences, loin de brimer l’amour ou l’empêcher de s’épanouir sont le moyen de le sauver ! On peut alors faire nôtres ces paroles magnifiques qu’un écrivain contemporain écrivait à son épouse : « Je t’aime chaque jour davantage, aujourd’hui beaucoup plus qu’hier, mais beaucoup moins que demain. » (Lettres à Laurence, Jacques de Bourbon-Busset).

 

père, Henri Lataste, prêtre du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram.

 

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